Si le marché connaît finalement un sommet de la production mondiale d’argent, cela signale une future hausse des prix. En outre, le marché mondial de l’argent souffre d’un déficit net de l’offre en 2016. Ces facteurs indiquent un changement important de la tendance sur le marché de l’argent.
Le Silver Institute vient de publier son rapport 2016. Ce rapport est publié par Thomson Reuters GFMS. Selon leurs prévisions pour 2016, la production mondiale d’argent diminuera à 887 millions d’oz (Moz), contre 893 Moz en 2015 :
Alors que les prévisions de la production mondiale d’argent en 2016 est en légère baisse par rapport à 2015, GFMS a également déclaré dans son rapport :
Nous allons nous pencher sur les déficits annuels de l’argent dans un instant, mais regardons la production minière d’argent selon les régions :
GFMS prévoit que la production du Mexique, le premier producteur d’argent au monde, sera en baisse de plus de 6 millions d’onces (Moz) en 2016. L’année dernière, je prévoyais que la production mondiale d’argent serait probablement plus faible en 2015. J’avais utilisé les données de World Metals Statistics. Cependant, l’INEGI (organisme de l’État mexicain) a considérablement révisé ses chiffres pour 2015. Même il y a déjà eu des révisions par le passé, celles apportées par l’INEGI pour 2015 ont été assez importantes.
Quoi qu’il en soit, GFMS fait un très bon travail avec les données de la production minière d’argent. L’important à retenir ici est que la tendance de la production mondiale d’argent sera probablement plus faible à l’avenir.
La majorité de la production d’argent provient des sous-produits de l’extraction minière des métaux de base. Selon le rapport GFMS 2016 Silver Interim Report, le plomb et le zinc représentaient 34,4% de l’offre d’argent, tandis que le cuivre représentait 22,1%. Ainsi, l’extraction de ces trois métaux de base a fourni 56,5% de la production mondiale d’argent en 2016. La production primaire d’argent a elle représenté 30,4% et 12,5% provient de l’extraction d’or.
Comme je l’ai déjà mentionné dans des articles précédents, la baisse de la production mondiale de pétrole impactera davantage l’extraction des métaux de base que la production primaire d’argent. Il faut beaucoup de combustibles liquides pour produire les métaux de base.
Par exemple, la Chilean Copper Commission a déclaré dans un rapport de 2014 que le pays a consommé 535 millions de gallons de combustibles liquides pour produire 5,7 millions tonnes de cuivre. Ainsi, l’industrie chilienne du cuivre a consommé 94 gallons de carburant pour chaque tonne de cuivre produite.
D’un autre coté, Pan American Silver a brûlé 20,5 millions de gallons de carburant pour produire 26,5 millions onces d’argent en 2015. Ce qui signifie que pour chaque once d’argent, il a fallu 0,8 gallons de carburant. Si nous prenons Pan American Silver comme référence, alors les 269 Moz de production primaire d’argent en 2016 auraient nécessité 215 millions gallons de carburant liquide. Je suppose que la moyenne mondiale de production d’argent en consomme moins, aux alentours de 0,5 gallon par once d’argent. Donc, nous parlons ici de 135-150 millions de gallons de carburant liquide pour produire tout l’argent primaire dans le monde.
Le monde a produit 18,4 millions de tonnes de cuivre en 2014. En prenant la moyenne du Chili de 94 gallons par tonne de cuivre produit et une estimation prudente de 75 gallons par tonne en moyenne pour le monde entier. Alors le monde a consommé environ 1,4 milliards de gallons de combustibles pour produire du cuivre en 2014. C’est environ dix fois la quantité de carburant utilisée pour toute la production primaire d’argent. Bien sûr, c’est une estimation simpliste, mais vous en avez une.
Lorsque le monde vivra un effondrement financier, la production américaine et mondiale de pétrole vont plonger. Cela aura une incidence beaucoup plus importante sur les mines de métaux de base que sur la production primaire d’argent. Ce qui signifie que la production globale d’argent diminuera plus rapidement car plus de la moitié provient du zinc, du plomb et du cuivre.
En raison de l’énorme augmentation de la demande d’ETF Global Silver ainsi que constitution d’un important inventaires, le marché de l’argent prévoit un déficit annuel de 185 Moz en 2016. Si l’on regarde les déficits annuels de l’argent depuis 2004, c’est égal à un impressionnant 1,5 milliards d’onces :
GFMS calcule le « solde net » en soustrayant la demande physique de l’offre, puis en déduisant ou en ajoutant des changements dans les inventaires des ETF et Exchange d’argent. Selon les données (à partir de septembre 2016), les ETF et Exchange ont ajouté 133,3 Moz d’argent à leurs inventaires. En outre, le total de la demande physique a dépassé l’offre totale de 52,2 Moz pour atteindre un déficit total net de 185,5 Moz (arrondis à 185 Moz).
Ces déficits annuels ont été complétés par des excédents d’argent des années 1980 et 1990. Toutefois, les déficits annuels devraient se poursuivre étant donné que l’approvisionnement en minerai continuera de diminuer, ainsi que la faiblesse de l’approvisionnement en débris d’argent.
Récemment, j’ai déclaré que les nouvelles informations sur l’effondrement thermodynamique du pétrole, basées sur les travaux de Hills Group et Louis Arnoux, suggèrent que l’offre et la demande ne sont pas les facteurs réels qui déterminent le prix, mais plutôt le coût de production.
Cependant, l’or et l’argent sont différents de la plupart des autres métaux, matières premières et énergies. Alors que l’argent est plus consommé que l’or, il fonctionne toujours comme une « monnaie » ou une « réserve de valeur ». Ainsi, il devrait être considéré différemment que le cuivre, le blé ou l’huile.
Je ne considère pas l’offre minière mondiale ou les déficits annuels d’argent comme des facteurs qui auront une incidence sur le prix de l’argent, mais je les considère comme un signal que la tendance générale est en train de changer et ce depuis près d’une décennie. C’est le changement de la tendance fondamentale à plus long terme qui m’intéresse, pas les facteurs de l’offre et de la demande d’année en année.
Actuellement, le prix de l’argent est basé sur son coût de production (90-95%), plus certains facteurs de l’offre et de la demande. Tandis que beaucoup croient que les GRANDES BANQUES peuvent pousser le prix de l’argent où elles le veulent, c’est une absurdité. Si les grandes banques poussaient le prix de l’argent 25-50% en dessous du coût moyen de la production minière, les traders viendraient en masse. Alors que les traders peuvent être désintéressés par les fondamentaux à long terme, ils ne sont pas stupides car ils dépendent des forces du marché à court terme.
Cela étant dit, la valeur ultime de l’argent n’est pas basée sur son coût, elle sera basée sur ses propriétés de « valeur refuge » lorsque la MÈRE DE TOUTES LES DÉFLATIONS arrivera finalement. Je parle de la déflation de la plupart des actifs papier (actions et obligations) et de l’immobilier.
Étant donné qu’il y a très peu d’argent physique sur le marché, 3-4 milliards d’onces, n’importe quels gros capitaux entrant sur le marché poussera sa valeur à un niveau très élevé. Cela peut sembler exagéré, en particulier pour ceux qui sont désabusés par la baisse des prix depuis l’élection du Président Trump.
Malheureusement, pour ceux qui continuent à avoir « mal de tête » à cause des prix bas de l’argent, il n’y a pas grand chose que je puisse dire pour changer votre opinion. J’ai réalisé qu’un pourcentage significatif d’investisseurs dans l’argent, qui comprennent les fondamentaux à long terme, ne se plaignent jamais des la baisse des prix. Ils souffrent mais savent que les politiques délirantes des banques centrales ne dureront pas éternellement.
Malheureusement, la communauté des métaux précieux a son groupe d’individus qui se plaindront quand les choses seront difficiles. On devrait s’y attendre car c’est la nature typique d’un public versatile. Ils se félicitent quand les choses vont bien et sont les premiers à faire les « mauvaises langues » quand les choses tournent mal.
Ces personnes semblent oublier que les banques centrales ont entrepris la politique monétaire la plus insensée de l’histoire. Elles ont augmenté la dette et l’offre monétaire de façon exponentielle. Je trouve tout simplement incroyable qu’un investisseur dans l’argent mécontent souligne les erreurs des analystes sur le prix de l’argent depuis 2012, tout en écartant l’invention monétaire de la Banque centrale.
Quoi qu’il en soit, le pic de la production d’argent et les déficits annuels, indiquent une tendance qui atteindra un point d’inflexion à l’avenir. Si vous pensez que l’augmentation exponentielle de la dette et de la liquidité monétaire se poursuivra lors des 5-10 prochaines années, alors peut-être vous devriez investir dans le dollar, les bons du trésor, les actions et l’immobilier. Toutefois, si vous ne souffrez pas de lésions cérébrales comme beaucoup d’investisseurs sur les marchés, vous devriez vous fier à 2000 ans d’histoire monétaire et donc investir dans la valeur refuge qu’est l’argent.
Source : https://srsroccoreport.com/peak-silver-continued-supply-deficits-warns-of-future-higher-prices/