En combinant nos antibiotiques modernes avec de l’argent, dont les qualités bactéricides sont connues depuis l’Antiquité, des chercheurs américains viennent de montrer qu’il était possible de venir facilement à bout des bactéries résistantes.
La nouveauté des travaux menés par l’équipe de Jose Ruben Morones Martinez de l’université Harvard à Boston aux États-Unis tient au fait qu’ils utilisent cette fois l’argent de manière interne, directement dans l’organisme que l’on cherche à traiter. L’étude a été publiée le 19 juin dans la revue Science Translational Medicine .
À partir d’expériences menées in vitro et sur des souris vivantes, les chercheurs constatent que les ions argent (Ag +) présents dans une solution de nitrate d’argent rendent la membrane de certaines bactéries plus perméable. Un effet important puisque avant de pouvoir tuer une cellule pathogène, les molécules actives d’un antibiotique doivent traverser la membrane et pénétrer en son c’ur.
Le métal précieux a une action très sensible contre une famille de bactéries particulièrement redoutables, les «gram négatives». Une appellation qui décrit les microbes dont la cellule est entourée de deux membranes, ce qui renforce leur protection contre les traitements antibactériens, les rendant résistants à la plupart des antibiotiques. Parmi les plus célèbres membres de la famille des «gram négatifs» figurent le vibrion du choléra, la bactérie Yersinia pestis responsable de la peste, les salmonelles et Escherichia coli.
Les chercheurs américains ont eu l’idée de stimuler, avec des molécules d’argent, certains antibiotiques à large spectre, utilisés couramment dans la lutte contre les infections bactériennes. Testé sur la souris, ce traitement a permis de venir à bout de la plupart des infections qui ont été inoculées aux rongeurs.
Une analyse plus approfondie a permis à l’équipe de Jim Collins de montrer que l’argent perturbe le métabolisme bactérien, ce qui entraîne des dommages au niveau de l’ADN et rend poreuses les membranes de la cellule. Cette perte d’étanchéité facilite l’action des antibiotiques. En effet, Une faible quantité d’argent permettrait de rendre la bactérie E. coli de 10 à 1 000 fois plus sensible aux 3 antibiotiques les plus courants (gentamicine, ofloxacine, ampicilline).
Forts de ces résultats, les chercheurs travaillent actuellement à la quantité d’argent nécessaire pour doper efficacement les traitements anti-bactériens standards’
Cette découverte, c’est l’espoir de redonner à nos « vieux » antibiotiques une seconde jeunesse encore plus active.